Samedi 14 mars 2020

Pensées du moment

Hier, j'ai lu un message sur un réseau social :

Hé, c'est convivial ce début d'effondrement !

Je ne sais plus si je l'ai vu sur Mastodon ou Twitter, mais peu importe. Il m'a fait sourire.

C'est vrai que, pour le coup, je ne pensais pas avoir le droit à un coup de semonce qui serait une épidémie. Je pensais que la 1e grosse annonce serait une crise économique plutôt. Mais peut-être que c'est parce que c'est, parmi les multiples futures crises à l'origine d'un effondrement, la seule que je connais (ça, la crise de 2005, j'en ai soupé).

Je ne comptais pas commencer ce blog avec un billet lié à une épidémie. Je voulais vous parler de sexisme, de réflexions sur les dominations diverses et variées, dans le couple, vis à vis des enfants, des personnes racisées…

Mais je me dis que, dans quelques années, mois, jours, je serai content·e de relire ce que je pensais aujourd'hui. Alors je choisis d'écrire tout de suite :)

Je crois que je me sentais encore très à distance de cette épidémie, jusqu'à mon séjour à Paris. A la capitale, partout, j'entends les alertes, les gestes à faire pour se protéger, je vois les personnes avec des masques, et je signe des registres pour signaler que je suis "passée par là", au cas où. Personne ne se serre la main. Et le discours présidentiel, à la fin de mon séjour, m'a donné le petit cran pour finir de m'y intéresser. Depuis 2 jours, je lis (j'essaie de ne lire que des sources fiables et de les croiser), et mon appréciation de la situation change.

Lorsque j'arrivais à prendre de la distance avec le problème, je me sentais trop serein·e, comme si il fallait que je sois paniqué·e.

Bon eh bien, je suis moins serein·e à présent :)

Dans les choses qui me déplaisent profondément, cet enregistrement (qui est peut-être un fake cela dit) d'une soignante aux urgences expliquant qu'on ne teste plus les personnes non-hospitalisées… (pour des raisons économiques, étrangement ^^' )

Hé, si il n'y a pas de testé, il n'y a pas de nouveaux cas détectés !

Du coup, j'ai décidé d'annuler mes futurs déplacements, et d'essayer de m'auto-placer en quatorzaine. Je n'ai pas peur de tomber malade (même si, au fur et à mesure des informations, ça semble un moment vraiment désagréable à passer dans les meilleurs cas, même sans souci de santé particulier). Par contre je trouverai irresponsable, alors que je peux l'éviter, d'être moi même un vecteur de propagation.

J'ai aujourd'hui la ferme conviction que, puisque nous avons l'air de suivre le chemin des italiens, nous serons mis en quatorzaine d'ici 15 jours. On verra d'ici là si je dis des grosses bêtises ou non :p Mais en attendant, j'ai peur d'être taxé·e de catastrophisme à chaque personne à qui j'explique que je repousse mes rendez-vous.

J'ai appelé ma maman aujourd'hui, qui sortait. Elle m'a dit que, pour elle, la situation n'était pas si grave.

J'ai envie de respecter sa façon de voir les choses, et en même temps quand j'apprends qu'elle continue à voir mes grands-parents, là ça coince.

Je me dis que je vais devoir fermement lui dire que je trouve ça risqué et que je m'en voudrais qu'il leur arrive quelque chose car leurs proches n'auraient pas été assez précautionneux…

Je me prépare à devoir m'occuper pendant 2 semaines, seule ou à deux, et j'ai peur de me sentir un peu aliéné·e par cet enfermement obligatoire.

Étant donné que la situation évolue rapidement, je le saurai certainement vite.

Ce n'est pas un moment drôle à passer, mais j'avoue que comme c'est ma première grande crise, je suis curieus·e de voir comment tout cela évolue.

Prenez soin de vous ♥

Yum