La journée avait été longue.
La semaine encore plus.
Et l’année…
Pour l’instant, 2021 était aussi épuisante que 2020.
Certes les priorités avaient changées.
Il fallait à présent blamer les soignants pour leur manque de rigueur.
C’était moins festif que de demander à la population française de les applaudir.
Mais c’était aussi apaisant pour les nerfs.
Ah oui, les nerfs.
Ça, Olivier Véran les avait à fleur de peau.
Il était épuisé par la pandémie.
Devoir obliger le port du masque dès le lendemain qu’il annonçait que c’était inutile.
Devoir porter un masque devant les caméras.
Mais au moins, il avait pu s’adonner à une de ses passions :
Se montrer partiellement nu, tel un dieu grec, à son peuple.
Mais le peuple… ne suffisait pas.
Les scandales sanitaires et politiques réchauffaient l’atmosphère.
A tel point qu’on en oubliait le réchauffement climatique, et avec, le nom de l’autre là.
La ministre de quoi, l’écologie ? La transition verte ? Quelque chose comme ça.
Ce dont avait besoin Olivier, c’était avant tout d’attention.
De chaleur, oui.
Mais de la chaleur de…
Olivier est interrompu dans ses réflexions.
Quelqu’un frappe à la porte.
Le diner chez Charençon n’était prévu que le lendemain pourtant ?
Qui pourrait venir le déranger à cette heure si tardive ?
Peu de gens osent venir le voir ces derniers temps.
Mesures sanitaires, disent les autres ministres.
Mais Olivier sait.
Il sait qu’il risque d’être remplacé.
Il a peur.
Et les gens ont peur d’être entrainés avec lui.
La porte s’ouvre.
Olivier, jusque là avachi dans le sofa luxueux de son bureau, s’exclame.
Emmanuel !
Il était là ?
Pourquoi seul ?
Ça faisait si longtemps…
Ses pensées se perdent un instant dans la contemplation de son Jupiter.
Son dieu de la guerre.
Mais surtout, son dieu de la foudre… du coup de foudre.
Emmanuel referme en douceur la porte derrière lui.
“Alors Olivier, que signifie tout ceci ?” s’exprime d’une voix calme Emmanuel.
Calme bien qu’on y sente à la fois une pointe d’amusement.
Il désigne d’un doigt la tenue d’Olivier, un costume froissé et tâché par ses en-cas luxueux.
Olivier bafouille :
“Je… euh… ma, ma tenue ? C’est que je… en fait comment vous expliquer…”
Alors qu’il cherche ses mots, Emmanuel s’avance, un sourire aux lèvres.
Le ministre de la santé sent la chaleur monter en lui.
Une maladie plus sérieuse encore que le coronavirus.
La maladie de l’amour.
“Monsieur le président”, arrive-t-il à formuler, puis continue :
“Je peux tout vous expliquer. C’est pas moi. C’était…”
Il se fait interrompre par son président, qui dépose un doigt sur ses lèvres.
Le goût enivre Olivier.
Il lui en faut plus.
Il veut le goûter, encore et encore.
Ses pensées se font confuses.
Il perd ses mots.
Qui voulait-il blâmer déjà ?
Cela n’a plus d’importance.
“Tu as été vilain Olivier.
Mais tu garde les bons réflexes.
Je suis fier de toi.”
Olivier sent le rouge lui monter aux joues.
Il faisait de son mieux !
On reconnaissait ses efforts.
Ne jamais rien admettre, ne jamais reconnaître de faute.
Mais pour Emmanuel… il prendrait sur lui toutes les fautes du gouvernement.
“Mais ce soir pour toi, ce n’est pas Monsieur le président”, murmure Emmanuel à son oreille.
Olivier est confus ?
Est-il déjà remplacé ?
Ou alors… un espoir le traverse.
Emmanuel croise son sourire.
“Pour toi ce soir, ce sera “Mon Altesse Jupiter”.
Et tu ne seras pas ministre de la santé.
Tu seras… “mon petit ranran”.
Petit ranran secoue la queue.
Il est heureux.
Il veut bondir de joie.
Mais avant qu’il ait le temps de considérer l’idée, Emmanuel lui saute dessus.
Le déshabille et le chevauche en un instant.
Emmanuel est heureux.
Petit ranran reste un bon étalon, qu’il peut encore utiliser pour au moins un an.
Et petit ranran est heureux, se perd dans l’extase, la jouissance, leurs corps qui s’entremêlent.
La chaleur monte dans la pièce.
Et dans le couloir désert, les cris heureux d’Olivier résonnent.
Plus heureux encore que lors de ses annonces sur le pass sanitaire obligatoire.
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