La fin du monde

Attends… Quel jour on est ?

J'avais l'habitude de dire en plaisantant que mon sommeil était assez lourd pour que je dorme pendant la fin du monde. Et apparemment j'avais raison.

Qu'est-ce qui m'avait finalement réveillée ? Des trombes d'eau. Ouais. Le premier truc que j'ai fait après la fin du monde c'est manquer de me noyer parce qu'une fichue conduite d'eau s'est rompue pile poil au dessus de mon lit.

Il avait aussi bien supporté la fin du monde que moi, au contraire du reste de l'appartement. Je sais pas si tu connais l'adaptation de Silent Hill par Christophe Gans ? Bon t'es sûrement trop jeune pour ça. Bref. À un moment l'héroïne se retrouve dans un patelin recouvert de brouillard et il y a une sirène anti-incendie qui se déclenche et la peinture se décolle des murs et s'évapore pour laisser apparaître une épaisse couche de rouille qui recouvre absolument tout et c'est super glauque.

Du coup c'est comme ça que je me suis réveillée, un paquet de flotte dans la gueule, un sursaut et bam, ma tête contre le sol métallique et froid avec l'eau qui continue de me couler dessus.

Le temps de reprendre mes esprit et d'arriver à me mettre debout, Diane avait… Diane c'est ma copine mais c'est pas le sujet là et puis c'est compliqué. Bref. Diane avait ouvert la porte et me regardait avec des yeux énormes.

« Mais… T'es sérieuse là ? Genre tu fais la morte pendant trois jours, on se fait un sang d'encre et quand la belle au bois se décide finalement à nous gratifier de sa conscience elle pète l'arrivée d'eau de l'appart ? »

« Bah non justement c'est ça qui m'a réveillé, j'ai failli me noyer d'abord et puis… »

Elle avait l'habitude de me silencier en m'embrassant mais la dernière fois que ça avait été aussi intense… Non je crois pas qu'il y ait eu de fois aussi intense. Genre c'est comme si elle m'avait pas vu depuis des mois alors que bon ça va elle avait juste du se lever avant le soleil pendant que moi je roupillais jusqu'au milieu de la matinée, comme d'hab.

En reprenant son souffle elle me dit « J'ai cru que tu te réveillerai jamais » « Hein ? Bah j'ai fait une grosse grasse mat' mais il y a pas de quoi s'affoler. »

« Meuf, ça fait 6 mois que tu roupilles et que moi et les autres on est mortes d'inquiétude. Tu trouves pas que la déco a un peu changé ? » « Attends… Quel jour on est ? »