J’étais sur Paris il y a quelques semaines et avec un ami je suis passé par hasard proche de « la louve ». LE supermarché coopératif. J’ai eu l’occasion d’y faire un petit tour et d’obtenir quelques renseignements. Il est possible qu'il y ai quelques erreurs, les infos là sont celles obtenues lors de la visite. L'article un peu long est découpé en deux.
Trois mots d’historique. La Louve c’est un projet qui a commencé à être discuté aux environs de 2014. Le groupe originel s’est rapidement divisé en deux : l’un souhaitant créer une épicerie, l’autre un supermarché basé sur l’exemple de brooklyn (slope park food coop). Le premier groupe a créé son épicerie dans la foulée et rapidement atteint les 400-600 adhérents, chiffre stable depuis. L’autre a commencé à faire connaître son projet nommé « La louve ». Constitué sous forme de Scoop, le projet de supermarché pour démarrer devait avoir 2.000 inscrit·e·s. Le projet aura mis 2-3 ans à atteindre ce nombre et se lancer. Cela fait donc environ 3 ans que la louve est ouverte. Ce projet a depuis inspiré de nombreux autres dans les grandes villes (Montpellier, Bordeaux, etc) et dans de plus petites (pas forcément pour le meilleur, j’en reparlerai dans un autre compte rendu à venir). Avec sa visibilité on lui doit surement un coup de boost à la création de coop en france.
Je m’attendais en arrivant au magasin à une devanture clinquante ! Depuis des années que j’entends parler de la louve, alors que c’était seulement en projet un ami avait adhéré, je m’en étais fait toute une histoire. En fait c’est au rdc (et sous-sol) d’un bâtiment non loin de Barbès, devanture gris sombre et sobrement en blanc est indiqué ‘coopérative la louve’ (quelque chose du genre). Le magasin est assez grand, deux fois plus que le petit « casino » du village de 4000 habitants où j’ai vécu 20 ans. Les horaires affichées : deux heures tous les jours et de 13 à 20 le samedi. On rentre là dedans, une petite queue de quelques personnes qui attendent de passer par l’accueil. Passage obligatoire sur la gauche, un petit bureau avec un ordi et un·e bénévole derrière. Sur le mur à notre droite, un poster avec le visage et le nom des dix salariés. Poster que l’on retrouvera plusieurs fois dans la magasin (à défaut d’y voir les visages en vrai). Le magasin est pas bien joli… on dirait un parking sous-terrain. Mur et piliers gris foncés. Au plafond sont suspendus des néons carrés et des bouches de ventilations carrées. Sont apparents tous les câbles et tuyaux qui y sont reliés. Ça respire pas la joie de vivre !
Le bénévole susnommé a pour rôle de vérifier qu’un·e coopérateur·rice a le droit de rentrer. Le·la coopérateur·rice donne son numéro et l’ordi crache son verdit, retransmis par le·la bénévole au poste : « ok », «vous devez faire un rattrapage car vous n’avez pas fait vos heures », « attention vous êtes en alerte, vous avez plusieurs rattrapages à faire, vous allez bientôt être bloqué·e », « désolé mais vous avez trop de retards pour vos heures, ce n’est pas possible de faire vos courses, allez voir le bureau de gestion des bénévoles ». (Nous avons vu ces différents cas durant les dix minutes que nous avons passé à ce poste).
Les non-coopérateur·rices ne peuvent pas rentrer comme ça. Je tente : « je suis membre d’un projet du même genre, bien que plus modeste, serait il possible de visiter ? ». On va faire chercher quelqu’un. Dix minutes plus tard, un quelqu’un fini par arriver, nous redemande le pourquoi de notre visite, nous file un badge chacun indiquant notre statut de visiteurs qui ne peut faire d’achat et se révèle prêt à répondre à nos questions, si possible. Ca fait plus d’un an qu’il est membre, apprend on. Aujourd’hui il fait ses heures. 3H toutes les 4 semaines. Lui a un créneau fixe (comme la majorité) et le sien c’est un samedi sur 4 de 13h15 à 16h15. Son rôle attitré (et chaque fois le même) : coordonner le travail des autres bénévoles du créneau.
Au premier coup d’oeil des bénévoles nous en avons déjà vu un petit nombre : la personne à l’entrée qui vérifie votre droit d’entrée. Deux personnes qui ‘gardent’ la sortie. Deux trois caissier·e·s. Deux personnes postée chacune à une balance. Notre coordinateur de bénévoles. On croisera deux autres personnes lors de notre visite et on comprendra au panneau qu’il nous montre qu’il y en a d’autres à la réception des commandes, à la mise en rayon, à la découpe et réemballage du fromage, aux pliages des cartons, au nettoyage, etc. Ça rigole pas ! L’usine à gaz.
Notre première question est sur leur nombre. Il ne sait pas trop, les trois autres à qui on posera la question savent pas plus. A chaque nouvel adhérent est attribué un numéro, croissant. Ils en sont au numéro 8000 et quelques depuis le lancement 3 ans auparavant. En revanche combien d’actifs ? 5000 demandais-je. « Surement ».
La seconde question concerne les commandes. Comment c’est géré tout ça ? Qui passe les commandes ? A qui ? Pourquoi ? A l’endroit où se tient notre discussion nous pouvons voir le rayon des pâtes. C’est varié. On retrouve nos pâtes mais d’autres également. Dont des Barilla. En se baladant plus tard dans la magasin on constatera que le choix est multiple pour tous les types de produits. Il y a du bio comme du non bio. Et on retrouve parfois un produit par ci par là de quelques grandes marques des supermarchés : du sucre daddy, des biscuits de chez Lu, du Lipton ice tea, etc. Pas de Nutella vous noterez mais évidemment plusieurs équivalents. Ce sont les employé·e·s qui gèrent les commandes. Il·elle·s ne passent que par des grossistes. Il y a déjà des réceptions quotidiennes, se rencarder directement avec des producteurs serait une plaie à gérer pour eux·elles. Le choix des produits est à leur discrétion, même si on peut tenter des suggestions. Si le produit ne figure sur aucun de leurs grossistes actuels, n’espérez pas trop quand même nous dit-on.
Et les prix ? Pour payer loyer, frais de fonctionnement et emplois ! il y a une marge de 20 % réalisée ! Ça calme. Je demande alors si ça vaut encore le coup de venir là, il nous est répondu que ça dépend des produits mais que l’on peut espérer trouver néanmoins 5 à 15 % moins cher qu’ailleurs (et c’est sur le bio que c’est le plus marqué). Coup de bol, ils sont à Paris. Sinon ça ne serait certainement pas moins cher qu’ailleurs. Et vu que la différence est surtout marquée sur les produits bios, notons donc que c’est celles et ceux qui peuvent s’en payer qui feront le plus d’économie à la louve, les autres (qui auraient certainement besoin d’en faire davantage) bah… Ces quelques % de moins sont à mettre d’ailleurs au regard du temps de travail demandé : 3h toutes les 4 semaines. Ca doit bien représenter 30 euros brut environ. Bref, ce n’est pas tellement rentable financièrement comme modèle.
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