Au creux du lit

La créature avançait d'un pas rapide et si pesant qu'elle faisait trembler mon lit. Je la sentais venir, paupières closes, ma chambre vibrait, moi, je n'esquissais pas le moindre mouvement. Deux pas par seconde, deux pas et mes meubles semblaient sauter tant il était lourd, fou et terrifiant. Paralysé, j'attendais qu'il me tue. J'ai crié. Mais l'appartement était vide. Seule ma tête me brûlait encore.

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J'ai vu un enfant, les entrailles à l'air, la peau brûlée mais la tête pleine. il parlait encore, dans sa voix, il y avait un souffle, celui dont on vient à manquer, trop présent pour être vrai. Alors j'ai vu mes mains, mes moignons, et la douleur m'a saisi le corps. Je suis mort, la chute a été longue.

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J'avais les mains d'une personne âgée et les ongles jaunis. Je jouais du piano. Une musique, piano, violon, c'est tout ce que j'ai demandé. Je l'ai eue. J'entendais. Le frottement de l'archer, le grincement des pédales, et mes doigts sur les touches du piano. J'ai perdu les notes. Il n'en reste que le goût.

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La vieille maison avait l'odeur du renfermé et le goût du vieux. Je m'y retrouvais brusquement sans comprendre réellement comment. Un pot de clef posé là, à ma droite, sur un meuble au bois verni, me faisais pleurer chaque fois que je le regardais. J'avais en tête l'image d'une dame de soixante ans aux cheveux courts et grisonnants, le teint terni par la cigarette. Elle n'était pas là. Pas dans cette maison, à ce moment. Je la ressentais. Face à moi, dans le plancher, un trou. Un trou parfait, sans aspérité, noir et vide. Un vertige. Une sensation bizarre au creux du ventre.

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Il m'a saisi par les pieds Il m'a saisi par les pieds et m'a emmené dans son trou, là, il s'est assis sur moi et m'a regardé. J'avais le souffle coupé. J'ai frissonné. Incapable de bouger. Il a fermé mes yeux et je l'ai entendu chuchoter mon nom. D'un pas lourd, il est parti. Deux pas par seconde. Dans le vide, je tremblais.