Je nous sens perdre pied

Monté du fascisme, serons-nous épargnés ? Article de blog. Neg, mention suicide.

Je nous sens perdre pied

Je m'éveille chaque matin moins confiant en notre monde de demain. Peur. Aujourd'hui, le Brésil a élu un homme dangereux. Hier les états unis. Je pense aussi à la Russie, l'Italie, aux fous qui viendront en Allemagne et en Grèce. Qui craignent pour leur peau ? Les immigrés. Les LGBT+. Les femmes, les natifs pré-colonisation, même les juifs. Et quand viendra la riposte ? L'inertie des alliés qui nous accusent de prendre armes, d'augmenter le volume de nos voix. Face à la menace on nous reproche de taper du poing sur la table, qui s'en ira meurtri ? J'ai peur de notre fragile équilibre, il suffirait d'un poids pour que demain la France soit le Brésil, nos amis le nient, nous même on l'oublie pour mieux dormir la nuit. Mais j'ai peur, malgré tout. Peur des bruits sourds que j'entends, lointains. L'orage s'éloigne, l'orage s'en vient ?

J'ai cherché une citation de Zweig, auteur du Monde d'hier qui relate comment, dans un silence complice, Hitler a fait son nid, la monté du nazisme dans un monde sourd et aveugle. Pourtant sur les recueils, je n'en ai pas trouvé. Pourtant, je me souviens qu'en le lisant, ses mots m'avaient beaucoup touchés. J'avais beaucoup "relaté", j'y avais transposé notre époque. Mais dans les rares sélections, je n'ai rien vu de tel. Comme-ci ces lecteurs n'avaient pas lu la même chose que moi. Certains y voyaient la poésie, les belles phrases d'un auteur talentueux. C'est l'immense oppression que j'ai lu. Je l'ai lu en connaissant la suite, le suicide de Zweig juste après le point final. Comme s'il avait voulu expliquer son époque, l'insouciance des siens face à la barbarie qui venait, pour éviter qu'elle se reproduise.

L'époque est différente. Les journaux parle de nous, un peu. Toujours sur l'individualisation. Sans vraiment désigner ce qui, d'un seul coup, pourrait faire basculer la masse qui ne se positionne pas. Après tout, faut arrêter de généraliser, hein ! On n'est pas le Brésil, pas de ça chez nous. Navré, mais c'est fort naïf.