Nous nous sommes si souvent trompés

Mention suicide, texte

Texte de 2014


Matin de Mai, la tristesse nous avait réveillés trop tôt.

Le jardin s'habillait de couleurs printanières, vives et contrastées, un vent frais soufflait sans que frémissent les feuilles d'arbres, une rose épineuse montrait ses pétales, au loin, dans l'herbe mal entretenue.

Je retenais ma respiration, le monde paressait joyeux, continuait sans nous, nous laissant derrière, j'aurais souhaité qu'il pleuve.

Je ne voyais son sourire qu'en souvenir et quelques photographies.


Depuis trop longtemps, les journées léthargiques s'étiraient, nulle lumière au bout du tunnel, nous errions, silencieux, fantomatiques, de pièce en pièce, sans que n'osent se croiser nos regards.


Je n'entendis qu'un bruit sourd et un raclement. Rien d'autre. La maison ne craquait pas.


Pour la première fois depuis des mois, je posai mes yeux sur elle.


Je ne vis que son ombre éclairée par le soleil qui paraissait tout juste à travers les vitres.


Les murs étaient blancs, la lumière jaune et son ombre noire, noire.


Sa silhouette semblait regarder le sol, le carrelage froid, et sur le mur blanc, en avant, en arrière, elle battait la mesure, telle le pendule d'une vieille horloge.


Je sus qu'il était vain d'espérer une autre fin.


Je criai. Il était trop tard. Le chagrin avait eu raison de nous.