Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/atom.xml2019-08-15T13:21:18.663373+00:00<![CDATA[Réapprendre à programmer]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/réapprendre-à-programmer/2019-08-15T13:21:18.663373+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-08-15T13:21:18.663373+00:00<![CDATA[<p>J’étais encore très jeune quand j’ai découvert l’informatique, et en particulier la programmation, et j’ai tout de suite aimé ça.</p>
<p>Je ne saurai pas dire à quel âge exactement j’ai commencé à écrire mes premiers programmes, mais je peux tout de même essayer de l’estimer.</p>
<p>J’ai tapé mes premières lignes de code en BASIC sur un Amsterdam CPC 464 et son lecteur K7 externe puis sur un Amstrad CPC 6128 doté d’un lecteur interne de disquettes. Mon père s’était passionné un peu soudainement pour l’informatique, s’offrant - et m’offrant du même coup - un ordinateur à la maison. Nous étions au milieu ou dans la deuxième moitié des années 80. J’avais donc moins de dix ans quand j’ai commencé à « développer » en BASIC.</p>
<p>Ensuite, l’Amstrad fut remplacé par un Amiga 500 au début des années 90, et je ne sais plus si c’est à cette occasion ou plus tard que je suis passé du BASIC au Turbo Pascal.</p>
<p>J’ai ensuite eu un PC, dans les années précédant et suivant l’obtention de mon baccalauréat. J’ai peu de souvenirs de programmation à cette époque, sans doute parce que j’étais bien occupé par d’autres activités, qu’elles soient scolaires ou extra-scolaires (je passais notamment beaucoup de temps à la bibliothèque et à lire à cette époque).</p>
<p>Vint ensuite le temps de mes études supérieures, et en particulier de mes années à l’IUT pour obtenir un DUT Informatique. Même si les cours et les enseignants n’étaient pas toujours au niveau espéré, j’ai aimé ces deux années. J’apprenais des choses qui m’intéressaient, j’y prenais du plaisir et je me débrouillais bien. Les langages enseignés n’étaient pas forcément les plus sympathiques (COBOL et C++ principalement) mais c’était une première étape que j’ai envie de qualifier de nécessaire pour faire la transition entre le hobby de mon enfance et mon entrée dans la vie professionnelle.</p>
<p>La vie professionnelle, j’y suis entré en 2000, en plein boom de l’informatique. Après un stage sur un ERP désormais en voie de disparition (JDE pour les connaisseurs), j’ai été formé sur un autre ERP bien connu et qui lui vit encore de belles années de nos jours : SAP. J’ai appris à développer en ABAP, un langage propriétaire propre à SAP finalement assez proche du COBOL. Ce n’était pas le pointe de la technologie, mais j’ai bien aimé pendant quelque temps.</p>
<p>Et puis après quelques années comme développeur, j’ai eu envie de voir autre chose, et comme mon employeur me le proposait, j’ai évolué progressivement vers un rôle de chef de projet, m’éloignant peu à peu de la technique en encadrant des équipes de plus en plus grandes.</p>
<p>Récemment, suite à des événements dans ma vie, j’ai décidé de m’éloigner de la gestion de projet pour revenir à mes premières amours : la programmation. Je ne vais pas revenir à l’ABAP mais essayer de me reconvertir à une nouvelle technologie, plus récente et plus <em>sexy</em>. J’ai déjà fait un peu d’auto-formation, j’ai également suivi une courte formation en interne, et je dois dire que je prends du plaisir à retrouver ce que j’ai aimé lors de mes débuts dans l’informatique : réfléchir, analyser un besoin, concevoir une solution, construire concrètement une application, tester, tâtonner souvent, pour aboutir au résultat attendu.</p>
<p>Il va me falloir encore plusieurs mois pour réussir cette reconversion, mais je dois dire que je suis motivé et que je suis de plus en plus convaincu d’avoir fait le bon choix.</p>
<p>La suite, peut-être, dans quelques semaines ou quelques mois …</p>
]]><![CDATA[Récidive. 1938 (2)]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/récidive-1938-2/2019-06-03T11:04:37.892204+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-06-03T11:04:37.892204+00:00<![CDATA[<h1>Récidive. 1938 (2)</h1>
<p>J'ai terminé de lire aujourd'hui l'excellent livre de Michaël Floessel : <strong>Récidive. 1938</strong>.</p>
<p><img src="https://fediverse.blog/static/media/781E9DED-2DD2-1C03-F4E6-BB6C06FDB5E8.jpg" alt="Récidive. 1938"></p>
<p>Je vous avais déjà partagé <a href="https://fediverse.blog/%7E/Z%C3%A9roJanvier/r%C3%A9cidive-1938-1" rel="noopener noreferrer">Récidive. 1938 (1) ⋅ Plume</a> un premier recueil des passages qui m’avaient marqués au début de ma lecture.</p>
<p>Je ne résiste pas à l’envie de vous proposer d’autres extraits de ce livre, toujours aussi marquants pour moi.</p>
<p>Pour ceux que cela intéresse, ma critique de ce livre est disponible sur mon blog principal : <a href="https://zerojanvier.fr/2019/06/03/recidive-1938/" rel="noopener noreferrer">Récidive. 1938</a></p>
<p><em>La priorité est de remettre le « travail en honneur » et de comprendre enfin que l’« on n’obtiendra pas de capitaux si l’on commence à pendre les capitalistes à la lanterne ». En 1938, la valeur travail et la productivité du capital sont des mots d’ordre politiques récurrents : c’est par l’effort et la libération des énergies que la France retrouvera sa grandeur perdue après trop d’années d’assistanat et de pression fiscale.</em></p>
<p><em>Pour Flandin, « c’est folie de vouloir suppléer à la déficience des naissances par l’afflux et la naturalisation des étrangers ». Mieux vaut encourager les naissances autochtones pour résoudre « le problème de la natalité déficiente de la France par rapport à l’Allemagne ». Je me dis que, pour affirmer qu’une politique nataliste initiée fin 1938 permettra à la France de rattraper son retard démographique et militaire sur l’Allemagne, l’auteur du télégramme devait croire dur comme fer aux chances d’une paix durable.</em></p>
<p><em>Dans sa déclaration du 12 novembre, Paul Reynaud ne cache pas son intention de mettre enfin en œuvre la « réforme de l’État ». Je rencontre souvent cette formule en 1938 : cette année-là, le mot « réforme » désigne toujours une baisse drastique des dépenses publiques et des prestations sociales.</em></p>
<p><em>Avec la presse de gauche, L’Époque de Kérillis est le seul quotidien à publier des extraits de l’éditorial du journal tchèque Lidové noviny. À mon avis, cet article aurait pourtant pu intéresser les lecteurs. Il s’intitule « Adieu France ! » : « Nous voulions chanter avec les anges. Maintenant nous devons chasser avec les loups […]. Nous avons été abandonnés. Le monde est gouverné par la force et non par le droit. Nous n’avons plus rien d’autre à faire que de nous mettre à côté de l’Allemagne. »</em></p>
<p><em>« Nous vivons au milieu d’une Europe en mouvement, d’une Europe où de formidables nations font craquer de toutes parts les anciens cadres, d’une Europe où la loi de l’effort accéléré dans la discipline et même dans la contrainte règle la vie des peuples, d’une Europe où il serait vain, pour le moment, de baser notre sécurité sur autre chose que sur notre force. » Et pendant que l’Europe est soumise à de tels bouleversements, « que faisons-nous nous les Français ? » Réponse : « Nous vivons sur notre passé ; il nous a laissé un admirable héritage moral, intellectuel et matériel. Il a fait de chaque Français un homme libre. Mais […]. » Dans ce « Mais » réside, je crois, le tournant de 1938. Le discours offensif du congrès de Marseille, le « On se demande qui commande ici ! » devant l’incendie du Vieux-Port, les ordonnances sur le code du travail sortent de ce « Mais ».</em></p>
<p><em>Blum considère que l’abandon du projet social de la République affaiblit la démocratie et qu’elle habitue les Français aux solutions autoritaires. La contagion des dictatures se nourrit d’abord du reniement des démocraties. Daladier lui répond que c’est par l’ordre que la France fera face à la discipline de fer à l’œuvre dans les régimes totalitaires. La démocratie se sauvera de ses propres faiblesses en adoptant des mesures d’autorité.</em></p>
<p><em>L’éditorial du Temps prend soin de se démarquer de la « campagne antisémitique » lancée en Allemagne : « Notre pays est à juste titre fier de sa tradition d’hospitalité et d’accueil et la xénophobie pas plus que le racisme n’inspireront jamais nos gouvernements. Mais… ». Je commence à avoir l’habitude des « Mais » de 1938. « Mais dès lors qu’il est certain et démontré par une expérience déjà bien longue hélas ! que beaucoup de nos hôtes, loin de reconnaître notre générosité, sont enclins à en abuser […], il faut prendre des mesures auxquelles nous autorise notre souveraineté. » Dès lors, « la France ne doit plus être le seul pays du monde où les réfugiés politiques sont autorisés à venir vider leurs querelles ». Le Temps constate que l’on ne peut, hélas, procéder à des expulsions de masse car les pays d’origine, « jaloux de leurs frontières », ne l’admettraient pas. Il faut donc « s’opposer à l’admission de nouveaux étrangers », d’autant que « l’opinion ne veut plus entendre parler de réfugiés politiques qui sont, par définition, de futurs assistés ».</em></p>
<p><em>Grâce à Retronews, j’accède au numéro du 25 novembre de L’Univers israélite. Sous le titre « Le silence est d’or », cet hebdomadaire évoque la discrétion de la presse d’extrême droite sur les persécutions : « Nous lisons aussi les journaux antisémites. Nous lisons notamment Je suis partout. Dans le numéro du 18 novembre, pas un mot sur les événements d’Allemagne. Je suis partout n’était pas là. On ne peut pas être partout à la fois… »</em></p>
<p><em>Sur la page de droite se trouve un compte rendu de la réunion, à Londres, du Comité intergouvernemental sur les réfugiés dont la création a été décidée à Évian. Le sénateur Henry Béranger représente le gouvernement français, sa déclaration me fournit un indice sur l’issue des négociations : « La France a déjà fait beaucoup pour recevoir, recueillir, hospitaliser, reclasser un grand nombre des victimes humaines de ces expatriations forcées. » « Mais » l’opinion publique française est désormais arrivée à un « point de saturation », sans compter que l’« effort de redressement économique » exclut d’accueillir de nouveaux immigrés sans emploi. Encore un « Mais » de 1938.</em></p>
<p><em>Fin 1938, l’ordre règne en France. Comme je crois avec Georges Duhamel que cet ordre sans justice est trompeur, je pars en quête de formules qui expriment un état d’esprit un peu plus lucide. J’en trouve une dans le dossier du mois de décembre de la revue Esprit : il s’intitule « Préfascisme français ». Emmanuel Mounier tire les leçons de ce « terrible automne » où les nerfs des Français ont été mis à rude épreuve. Mounier n’ignore pas que, depuis octobre, le mot « fascisme » est de plus en plus souvent accolé par la gauche (en particulier par les communistes) au gouvernement Daladier. C’est pourquoi, le fondateur d’Esprit préfère parler de préfascisme pour désigner des sentiments qui, au cours de l’année 1938, ont envahi la scène publique et les consciences : « antisémitisme, xénophobie, recherche de l’exaltation, culture de l’humiliation, apologie et exercice du mépris ».</em></p>
<p><em>Le malheur social, explique Klossowski, unifie les masses : dans les pays totalitaires, « les chefs réalisent ce miracle de mettre l’ascétisme au service de la voracité affamée ». Les dirigeants totalitaires ne nourrissent pas beaucoup mieux leur peuple, mais ils lui donnent en compensation un nouvel objet à haïr. Dans les démocraties, le malheur est moins visible, l’opposition des « repus » et des « voraces » se trouve voilée dans le respect des règles. « On prône la libre concurrence comme un état de paix. » En lisant cette phrase, je comprends mieux le lien constamment rappelé en 1938 entre les mesures d’« assouplissement économique » et le désir frénétique d’ordre et de paix. Dans les accommodements avec l’Allemagne et dans les décrets-lois de novembre sur la durée du temps de travail, on retrouve le même désir de sortir de l’histoire en misant sur l’économie. Selon Klossowski, cette paix apparente des démocraties n’abolit pourtant en rien l’antagonisme entre les « repus » et les « voraces ». L’auteur en veut pour signe « la croisade des repus contre les voraces » qui se traduit par la valorisation du « travail pour le travail », hors de toute considération de justice. Là où les régimes totalitaires mettent en scène « la guerre et la mort » pour mobiliser leur peuple, la France mise sur le travail pour redonner le goût de l’effort à ses habitants.</em></p>
<p><em>Comme il est difficile au « repu » d’accepter que sa réussite sociale résulte du hasard, et qu’elle n’a donc rien de légitime en soi, il s’en prend à la voracité des « voraces ». Le « repu » juge cette dernière indécente à un moment où la France doit sortir de la faiblesse congénitale des régimes parlementaires et montrer un front uni contre l’ennemi.</em></p>
<p><em>Je ne lis pourtant Marianne ni pour ses échos ni pour ses analyses politiques. C’est un journal trop idéaliste pour 1938, je le trouve aussi un peu trop indulgent à l’égard de la politique de Daladier. Marianne se raccroche à ce qu’il peut, je ne lui en veux pas. Mais je ne suis plus convaincu par l’idée que, à cet instant de l’histoire, la République française continue à être fidèle à elle-même et que tout le mal vient de ce que le monde extérieur lui est hostile. J’aime bien les caricatures féroces de Mussolini et d’Hitler publiées dans ce journal, mais il me semble que Marianne accorde trop aux mots « République » ou « valeurs » sans voir qu’ils ne recouvrent plus grand-chose cette année-là.</em></p>
<p><em>Marc Bloch m’a donné une dernière image de 1938 : une année où tout est fait pour convaincre les Français qu’ils vivent désormais, et pour longtemps, post-festum. Cette année-là, je n’ai rien vu qui, de près ou de loin, ressemble à une fête. L’impératif obsédant de « remettre la France au travail » a écrasé les imaginaires qui associent la politique à une forme quelconque de bonheur. Le travail pour le travail, la nation pour la nation, le budget pour le budget ou la France pour la France sont des formules si abstraitement creuses, et profitables à un si petit nombre, qu’elles n’entrent dans la tête des hommes que par la peur. Une clameur presque universelle s’élève dans la France de 1938 : la fête est finie ! La fête, bien sûr, c’était le Front populaire. Elle a coûté si cher et rapporté si peu. La répression des occupations d’usines et des grèves, la fin de la « semaine des deux dimanches », les facilités données au licenciement, mais aussi les mesures sur la « police des étrangers », l’accélération de la procédure de déchéance de nationalité, le report des élections législatives : au cours de l’année, ces décisions et ces projets sont de moins en moins argumentés politiquement et de plus en plus présentés comme des mesures de salut public. Une sorte de pénitence rendue nécessaire après la fête des inconscients. En deux ans, toutes les promesses de 1936 ont changé de signe : le « pain » est devenu la voracité des pauvres, la « liberté » a donné licence à l’oisiveté, la « paix », à laquelle le gouvernement consacre tant d’efforts quand il s’agit des menaces extérieures, n’est plus qu’un synonyme de l’ordre et de son maintien. En déployant une énergie incroyable, 1938 veut rompre avec l’héritage pourtant si jeune de 1936.</em></p>
<p><em>J’ai vu en 1938 des mots d’ordre, des réflexes de pensée, des éléments de langage qui structurent l’ordinaire de la politique française depuis longtemps. L’avantage de 1938 est de condenser en quelques mois des évolutions à l’œuvre depuis plus d’une décennie dans le présent : radicalisation conservatrice du discours camouflée par une idéologie postpartisane, triomphe des solutions libérales en pleine crise du libéralisme économique, perception des procédures démocratiques comme un obstacle à la mise en œuvre d’une politique efficace, renforcement inexorable du pouvoir exécutif, multiplication des lois sécuritaires, restrictions dans la politique d’accueil des réfugiés, stigmatisation d’une minorité religieuse à la faveur d’une « guerre » officiellement déclarée contre ses membres les plus fanatiques. Le tout sur le fond d’une montée apparemment irrésistible des « nationaux » rebaptisés « populistes » sans que cette nouvelle appellation nous éclaire beaucoup dans l’intelligibilité du phénomène. Le détour par 1938 permet de voir en accéléré une démocratie qui prétend se défendre en empruntant les armes de ses adversaires les plus acharnés.</em></p>
<p><em>Un même sentiment que « la fête est finie » domine les deux époques. Comme tout va plus vite en 1938, les conservateurs datent de 1936 le début de cette fête coupable. Aujourd’hui, ils remontent à 1945 pour la gabegie sociale de l’État-providence et à 1968 pour l’inconscience morale d’une société désireuse de vivre sans tabou. Je soupçonne les uns et les autres de croire que tout a commencé à mal tourner en 1789.</em></p>
<p><em>Entre 1938 et 2018, il y a beaucoup plus qu’une assonance. Ces deux années ont, entre autres, en commun d’être séparées par une décennie d’une crise systémique du capitalisme. Ce fait objectif s’accompagne d’une autre ressemblance. Dans la France de 1938 comme dans celle de 2018, les évocations de la crise économique vieille d’à peine dix ans sont relativement rares. On les commémore, bien sûr, mais on n’étudie pas leurs effets au long cours. Les banques sont sauvées, les structures de la démocratie parlementaire semblent, elles aussi, avoir résisté. Quant aux effets sociaux de la crise, chaque jour plus sensibles, les journaux en font état, mais sans les relier à leur cause. Cette forme d’amnésie permet, en 1938, de rendre les mesures sociales du Front populaire responsables d’une situation économique qui s’ancre dans une crise infiniment plus profonde. On trouve bien, aujourd’hui, des experts pour incriminer la loi sur les trente-cinq heures dans la permanence du chômage de masse et la faiblesse de la croissance. Il n’est pourtant pas nécessaire d’être expert pour douter qu’une mesure comme les quarante heures, promulguée en juillet 1936 et vidée de son sens, comme on l’a vu, en novembre 1938 explique le retard économique et militaire de la France. Voire, comme on le dit parfois, qu’elle est la cause du désastre de 1940. Dans ce domaine, les ornières idéologiques l’emportent sur toute autre considération. Nombreux sont ceux qui croient encore aujourd’hui que le Front populaire a désarmé la France. Le fait que les historiens aient apporté mille fois la preuve que le réarmement commence avec Blum ne change rien à une opinion que l’on croit héritée du récit vichyssois de la défaite, mais qui trouve son origine dans la propagande de 1938.</em></p>
<p><em>Une analogie n’est pas une simple ressemblance, mais une égalité des proportions. Elle n’affirme pas que A = B (1938 = 2018), mais que A/B = C/D : il s’agit d’une identité de rapports entre des réalités hétérogènes.</em>
<em>En l’occurrence, l’hypothèse finale de ce livre est que la politique Daladier, faite d’assouplissement économique et de reprise en main autoritaire, est aux régimes totalitaires qu’elle combat ce que les politiques néolibérales menées depuis plus d’une décennie sont au nationalisme autoritaire qui menace de venir dans nombre de pays européens.</em>
<em>A et C sont adoptées comme des politiques alternatives à ce dont elles risquent en réalité de faciliter l’advenue par toute une série de mesures et d’associations d’idées.</em>
<em>Le fait, par exemple, d’avoir introduit dans le « grand débat » la question de l’immigration absente des revendications initiales des « Gilets jaunes » est hautement symbolique. En 1938, déjà, les décrets-lois sur la police des étrangers apparaissaient au milieu d’une avalanche de mesures économiques. Cela crée artificiellement un lien entre les problèmes sociaux et les angoisses identitaires dans le but de flatter une opinion publique supposée intrinsèquement xénophobe. […]</em>
<em>Ce qui ne diffère pas, en revanche, c’est la tentation de déplacer le centre de gravité du conflit : de social et démocratique, il devient identitaire et culturel. Comme le débat sur la politique économique est borné par des a priori gestionnaires, on engage la discussion sur l’insécurité culturelle et l’identité nationale. Des sujets qui présentent l’avantage de n’impliquer aucune ligne budgétaire, mais qui donnent par avance raison aux adversaires de la démocratie que l’on entend combattre.</em></p>
<p><em>L’analogie entre 1938 et 2018 présente aussi l’intérêt de mettre en garde contre des mesures prises pour défendre la démocratie et qui, dans les faits, risquent de la mettre à terre. […]</em>
<em>Quelles que soient les précautions que l’on peut avoir à l’égard des leçons de l’Histoire, il est utile de se souvenir que, parvenus au pouvoir, les adversaires acharnés de la République se sont appuyés sur l’héritage d’une République délestée de ses défenses démocratiques.</em></p>
<p><em>En 1938, rien n’était inéluctable. La lassitude à l’égard de la démocratie s’est transformée en ressentiment seulement lorsque l’on s’est convaincu que cette forme de société était à l’origine du malheur français.</em>
<em>Aujourd’hui, tout est à reprendre. Conquis de haute lutte après la Seconde Guerre mondiale, le consensus européen autour de la démocratie est largement effrité. Certains présentent comme une fête au coût exorbitant un amour pour la liberté et une passion égalitaire qui, en réalité, ont triomphé au cours d’un combat sans merci.</em>
<em>Rien n’oblige, pour autant, à emprunter une nouvelle fois le chemin d’une longue et vaine pénitence pour redonner vie à ces sentiments.</em></p>
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]]><![CDATA[Tellement de voies à explorer …]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/tellement-de-voies-à-explorer/2019-06-02T21:08:16.546891+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-06-02T21:08:16.546891+00:00<![CDATA[<h2>La lecture</h2>
<p>C’est certainement la passion à laquelle je n’ai jamais renoncé. Je lis déjà beaucoup, y consacrer plus de temps serait difficile, ou au détriment d’autres activités.</p>
<h2>L’écriture</h2>
<p>J’ai plein d'idées de nouvelles ou de romans, mais je n'ai jamais fait l'effort de m'y mettre vraiment. J’ai quelques vieux textes courts dans mes archives, mais rien de transcendant et mes projets récents ne dépassent pas l’étape de quelques notes en vrac.</p>
<p>Un jour, j’aimerais m’y mettre sérieusement, avec un projet de longue haleine, sur lequel je pourrai plancher plusieurs mois.</p>
<h2>L’histoire</h2>
<p>J’aime l’Histoire, qu’elle soit ancienne, médiévale, moderne ou contemporaine.</p>
<p>J’ai même envisagé un temps de reprendre des études à distance pour passer une licence d’histoire. Je n’avais pas de projet professionnel précis, j’étais surtout attiré par l’idée de compléter ma formation initiale, plutôt scientifique et technique, par un cursus académique dans une discipline qui me passionne depuis longtemps.</p>
<h2>La politique</h2>
<p>J’ai toujours été passionné par la politique, j’ai été plus ou moins engagé dans plusieurs partis politique dans ma jeunesse, et même si je ne suis plus militant, je continue à suivre la vie politique avec beaucoup d’intérêt.</p>
<p>Je ne pense pas que je militerai à nouveau dans un parti, peut-être parce que j’ai perdu une partie de mes illusions sur la possibilité d’agir concrètement à travers ces mouvements politiques, quels qu’ils soient.</p>
<p>Mais je crois toujours en la politique, en l’engagement citoyen, et je considère qu’il n’y a rien de plus <em>grand</em>, dans une vie, que de lutter pour ce en quoi on croit.</p>
<h2>Le développement informatique</h2>
<p>J’ai aimé l’informatique dès mon plus jeune âge, j’ai grandi avec. Je crois que j’avais cinq ou six ans quand mes parents ont ramené un premier ordinateur à la maison (pour les plus jeunes d’entre vous : c’était dans les années 1980, ce n’était pas si courant à l’époque). Je me souviens de mes premiers programmes en BASIC.</p>
<p>J’en ai ensuite fait mon métier. J’ai été développeur, avant d’aller vers un rôle de chef de projet dans lequel je ne m’épanouis plus aujourd’hui. J’envisage sérieusement de revenir au développement dans le cadre professionnel.</p>
<p>Mais je suis également titillé depuis quelque temps par l’envie de reprendre également le développement à titre personnel, d’apprendre un nouveau langage, de créer quelque chose ou de contribuer à un projet qui me plairait.</p>
<h2>Tellement de voies à explorer …</h2>
<p>J’ai plein d’envies, ce ne sont pas les idées qui manquent. Tellement de voies à explorer, qui ne demandent qu’à devenir autant de projets à réaliser. A condition de choisir, de se lancer, et de persévérer. Tout un programme !</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Lecture" title="lecture" rel="noopener noreferrer">#lecture</a> <a href="//fediverse.blog/tag/%C3%89criture" title="écriture" rel="noopener noreferrer">#écriture</a> <a href="//fediverse.blog/tag/Histoire" title="histoire" rel="noopener noreferrer">#histoire</a> <a href="//fediverse.blog/tag/Politique" title="politique" rel="noopener noreferrer">#politique</a> <a href="//fediverse.blog/tag/D%C3%A9veloppement" title="développement" rel="noopener noreferrer">#développement</a> <a href="//fediverse.blog/tag/Informatique" title="informatique" rel="noopener noreferrer">#informatique</a></p>
]]><![CDATA[Récidive. 1938 (1)]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/récidive-1938-1/2019-06-02T10:05:11.872026+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-06-02T10:05:11.872026+00:00<![CDATA[<p>Ce matin, j’ai commencé à lire <strong>Récidive. 1938</strong> de Michaël Floessel. Pour l’instant, j’aime beaucoup !</p>
<p><img src="https://fediverse.blog/static/media/781E9DED-2DD2-1C03-F4E6-BB6C06FDB5E8.jpg" alt="Récidive. 1938"></p>
<p>J’ai partagé sur Mastodon quelques extraits qui m’ont plus, et comme il y en avait un certain nombre, je me suis dit qu’il pourrait être intéressant de les compiler ici dans un article.</p>
<p><em>On parle aujourd’hui de « populisme » à propos de mouvements qui, pour s’emparer du pouvoir, misent sur le ressentiment populaire à l’égard des institutions représentatives et des élites économiques. On nomme aussi « démocraties illibérales » des régimes qui, tout en respectant les formes du suffrage universel, détruisent les unes après les autres les protections constitutionnelles garanties par l’État de droit à la société civile. Le spectre des années 1930 hante ces tentatives pour définir la nouveauté du présent : on dit « populisme » ou « illibéralisme » pour ne pas avoir à dire « fascisme ». Par le passé, ce mot a sans doute été brandi avec trop de désinvolture pour paraître encore crédible.</em></p>
<p><em>Confrontés à ces nouveaux adversaires, les États demeurés fidèles au libéralisme politique peuvent, en outre, s’exonérer de tout examen de conscience. Puisque les populistes et les illibéraux sont supposés incarner une certaine idée de la démocratie, le camp du « progrès » ne se prive pas d’adopter certaines des mesures préconisées par le camp des « nationalistes » au prétexte que l’opinion publique y est favorable. Les politiques sécuritaires menées depuis plusieurs décennies et l’attitude récente des démocraties à l’égard des réfugiés montrent que, du point de vue des mesures prises, la frontière entre ces deux camps est sans doute moins hermétique qu’on ne le proclame.</em></p>
<p><em>De 1938, on a l’idée d’un rendez-vous manqué des démocraties avec l’histoire. […] Selon une formule célèbre prêtée (semble-t-il à tort) à Churchill, les démocraties avaient le choix entre le déshonneur et la guerre. Elles ont choisi le déshonneur, et elles finiront par avoir la guerre. Mais s’agissait-il encore de véritables démocraties ?</em></p>
<p><em>Lorsque l’on dit des démocraties des années 1930 qu’elles sont faibles, on suggère qu’elles sont confrontées à des États totalitaires qui, contrairement à elles, n’ont pas à tenir compte de leurs opinions publiques. Ni à soumettre leur politique à la critique d’une presse pluraliste et libre. Dans cette hypothèse, on impute aux sociétés démocratiques une indécision, voire une lâcheté, qu’elles tiendraient du suffrage universel et du respect des règles parlementaires. Ce genre d’arguments sert aussi à expliquer la défaite de 1940 : que pouvait un peuple fatigué de la guerre, hédoniste, engourdi par les congés payés face à l’armée disciplinée et ascétique d’un État dictatorial ?</em></p>
<p><em>J’ai rencontré 1938, je n’en ai pas fait l’étude. La rencontre suppose une surprise, elle est tout le contraire d’une confirmation. En l’occurrence, la confirmation de mon savoir scolaire sur la période aurait consisté dans la découverte d’un pays amoindri par des querelles intérieures, idéaliste sur les chances du maintien de la paix européenne et soucieux de préserver des règles démocratiques dans un environnement continental de plus en plus hostile. La surprise est venue de ce que je n’ai rien découvert de tout cela. En 1938, j’ai rencontré des logiques, des discours, des urgences économiques ou des pratiques institutionnelles qui m’ont d’abord instruit sur ce que nous vivons aujourd’hui.</em></p>
<p><em>On devrait donc s’attendre à voir la France passer sans transition de la lumière à l’ombre : d’un régime parlementaire, peut-être faible, mais attaché à ses principes, à un système autoritaire imposé par l’occupant. Or, je n’ai pas vu dans la France de 1938 un pays que son respect des règles parlementaires rendait vulnérable à l’ennemi fasciste. Justement parce que j’étais animé par des inquiétudes sur la démocratie en 2018, j’ai décelé dans la France de 1938 une société qui, sans rien savoir de ce qui l’attendait, avait déjà abdiqué sur l’essentiel.</em></p>
<p>A suivre, peut-être, dans les prochains jours avec d’autres extraits notés au cours de ma lecture !</p>
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]]><![CDATA[Un tigre à l'hôpital]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/un-tigre-à-l'hôpital/2019-05-31T16:07:04.633174+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T16:07:04.633174+00:00<![CDATA[<p>17 juillet. J’ai onze ans et demi. Je passe le début de l’été à l’hôpital pour un petit souci de santé qu’on me décrit comme étant sans gravité. Après quelques jours ici, je commence à bien connaître les couloirs et les infirmières de cet hôpital devant lequel je suis passé si souvent en allant à l’école puis au collège. Pourtant, je ne m’habitue pas. Il y a d’abord cette odeur qui me gêne. Il y a aussi cette peur panique des hôpitaux.</p>
<p>Tout va bien se passer, me répète-t-on depuis mon arrivée. Il n’y a aucun inquiétude à avoir, c’est une intervention sans risque, elle ne touche aucun organe vital. Je reste sceptique. J’ai peur.</p>
<p>L’infirmière m’apporte un comprimé pour me détendre avant l’anesthésie. On m’habille de cette affreuse blouse indispensable pour entrer au bloc opératoire. On me laisse ensuite de longues minutes à attendre. Mes parents sont dans la chambre, ainsi que mon fidèle ami Grégory et ses parents. Ils essayent tous de me rassurer, mais c’est peine perdue. Je suis mort de trouille.</p>
<p>Deux infirmières et un interne viennent me chercher. Ils m’installent sur le brancard, déposent une couverture sur moi. J’ai pris mon petit tigre en peluche avec moi, il me protègera. Mes parents me souhaitent bon courage. On me sort de la chambre, le brancard avance tant bien que mal dans le couloir. Une des infirmières appuie sur le bouton pour appeler l’ascenseur.</p>
<p>Je suis pétrifié par la peur. Mon tigre tombe du brancard. Je le regarde couché par terre, j’ai envie de pleurer. Grégory a suivi dans le couloir et ramasse le tigre. Il le remet sous la couverture et me sourit. “Il est à tes côtés, rien ne peut t’arriver”. Je lui souris.</p>
<p>Il prend ma main dans la sienne. L’ascenseur arrive, la porte s’ouvre. L’infirmière dit « il faut y aller, on nous attend au bloc ». Grégory lâche ma main. Le brancard entre dans l’ascenseur, je tourne la tête en arrière pour regarder mon ami. Il me fait un dernier signe de la main. Il semble retenir des larmes.</p>
<p>Quelques heures plus tard, j’ouvre les yeux en salle de réveil. Il fait froid. J’entends le bruit des appareils autour de moi. À part ces bips réguliers, le silence est total, pesant. Je tremble, il fait vraiment très froid.</p>
<p>Je ne sais pas depuis combien de temps je suis éveillé, et encore moins depuis quand je suis ici, quand une infirmière vient me voir. Elle me salue gentiment et m’annonce qu’elle va me remonter dans ma chambre. Enfin.</p>
<p>Quand nous arrivons dans la chambre, mes parents ne sont pas là. Ils sont sans doute allés à la cafétéria avec les parents de Grégory pour grignoter un morceau en attendant mon retour. Mon ami, lui, est là. Il me sourit dès que j’entre dans la chambre. Il a l’air heureux de me revoir. Je ressens la même joie.</p>
<p>J’échange quelques mots avec lui, mais le sommeil m’attire à nouveau. Je dois me reposer. Je dois dormir. Il me parle, je l’entends, mais je n’ai pas la force de répondre. Il le sait, mais il continue de me parler.</p>
<p>Je m’endors. Qu’importe, je sais que dans quelques heures j’irai mieux. J’ai tant de choses à lui dire.</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/%C3%89criture" title="écriture" rel="noopener noreferrer">#écriture</a></p>
]]><![CDATA[Dans le train]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/dans-le-train/2019-05-31T13:39:13.142573+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:39:13.142573+00:00<![CDATA[<p>Hier, j’ai pris le train.</p>
<p>Pour passer le temps, je me suis amusé à observer les passagers qui voyageaient dans la même voiture que moi, pour essayer de deviner – ou d’imaginer - leur vie.</p>
<p>Sur les deux sièges situés juste devant le mien, un couple de retraités. Ils se plaignent, l’un comme l’autre, du confort insatisfaisant du train et critiquent le contrôleur dès qu’il a le dos tourné, comme si le pauvre homme avait commis un crime en osant leur demander leur titre de transport. Aigris, sans doute malheureux de devoir se supporter l’un l’autre après quarante ans d’un mariage forcé par leurs familles respectives. Madame aurait préféré partir en Amérique avec cet acteur qui lui faisait la cour quand les rides n’avaient pas encore déformé son visage alors joli. Monsieur, lui, fréquentait en secret la charmante Madeleine, la servante récemment engagée par sa mère pour l’assister dans ses tâches de maîtresse de maison. Quarante ans après, Monsieur et Madame sont mariés, dans ce train qui les mène dans la maison de campagne qu’ils ont achetée il y a quinze ans, dans l’espoir d’y accueillir pour les vacances leurs futurs petits enfants. Des petits enfants qui ne viennent que rarement, à contre-cœur, préférant aller en colonie de vacances avec des copains de leur âge, plutôt que de venir passer quelques jours à la campagne auprès de leurs grands-parents, qui auraient pourtant bien besoin de leur compagnie pour briser la monotonie de leur vie.</p>
<p>Un peu plus loin, un jeune garçon de onze ou douze ans, accompagné d’une femme, sa mère. Il se prénomme Maxime, du moins c’est ainsi que sa mère l’appelle. Il est bien élevé, calme. Il lit un livre. J’en suis presque étonné, c’est si rare de voir un gamin de son âge lire de nos jours. Sa mère regarde le paysage défiler, le regard vide. Divorcée, sans doute. Depuis plusieurs années. Peu d‘hommes dans sa vie depuis. Quelques aventures, rien de plus. Sa carrière et son fils passent avant tout. Elle est peut-être médecin, ses journées sont longues, son fils ne la voit pas tous les soirs. Parfois quand elle rentre de l’hôpital, elle le retrouve endormi sur le canapé. Elle le porte dans son lit, l’embrasse sur le front, et le borde comme elle le faisait chaque soir quand il était plus jeune encore.</p>
<p>Au milieu de la voiture, un jeune homme écoute de la musique, une paire d’écouteurs dans les oreilles. Dix-huit ans, dix-neuf peut-être. Cheveux bruns, courts. Mignon. Je l’observe de loin, il me remarque, sourit, et détourne le regard. Amusé, flatté de plaire. Une petite amie l’attend à Paris. Il me regardera passer à côté de lui quand il la prendra dans ses bras, et me sourira une dernière fois.</p>
<p>De l’autre côté du couloir, une dame d’un certain âge. Dès le départ du train, semblant ignorer le pictogramme représentant un téléphone éteint au-dessus de son siège, elle sort son portable et commence à hurler, avec un fort accent américain. Téléphoner est sa façon de passer le temps pendant le voyage. Car il s’agit bien de passer le temps, vu la banalité de sa conversation. « J’ai pris mon sac orange, assorti à ma veste », dit-elle en anglais à son interlocuteur. Quand le train arrive dans une zone où le portable ne capte plus le réseau, elle s’étonne, presque offusquée. « Quel pays de sauvages », semble-t-elle penser.</p>
<p>Et puis il y a cette fille. Elle doit avoir quelques années de plus que moi. Étudiante, elle relit des cours, parcourt un livre, prend quelques notes. Parfois elle s’arrête quelques secondes pour regarder par la fenêtre. Elle pense alors à son petit ami, qui n’a pas voulu l’accompagner. Il a préféré rester avec ses copains pour ce tournoi de football. Ce n’est pas cette fois qu’elle le présentera à ses parents. Elle se demande parfois à quoi cette relation la mène. Pour lui, ce n’est pas sérieux. Pourquoi rester alors ? Nos regards se croisent. Il y a comme un éclair de compréhension, comme si j’avais visé juste, comme si j’avais vraiment lu dans ses pensées.</p>
<p>Vous allez me dire que c’est une drôle d’idée que d’essayer d’imaginer la vie de parfaits inconnus, simplement en les observant. Je me suis certainement trompé en essayant de deviner leur vie et leurs pensées. Peut-être ai-je simplement transposé dans ce jeu de devinettes mes propres pensées, mes propres angoisses. Je ne le saurai jamais, je ne les reverrai jamais. Ils ont fait partie de ma vie, le temps d’un voyage en train, et ils sont repartis, avec leurs vies et leurs pensées.</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/%C3%89criture" title="écriture" rel="noopener noreferrer">#écriture</a></p>
]]><![CDATA[Élections européennes 2019, J+1]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/élections-européennes-2019-j-1/2019-05-31T13:38:18.747689+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:38:18.747689+00:00<![CDATA[<p>C’est peu dire que les résultats des élections européennes d’hier m’ont déçu. Paradoxalement, je n’avais pourtant pas beaucoup d’espoir, mais la déception et la sidération furent tout de même au rendez-vous.</p>
<h2>Le duo de tête, sans surprise</h2>
<p>La surprise ne concerne pas le duo de tête, où comme les sondages l’avaient prédit, le RN et LREM se sont disputés la victoire, la liste d’extrême-droite l’emportant finalement sur celle de la majorité présidentielle.</p>
<p>Est-ce à dire qu’Emmanuel Macron a perdu son pari ? Pas si sûr, de mon point de vue. Si on considère que le pari du président, comme il l’a déclaré pendant toute la campagne, était de terminer en tête et de battre ainsi le RN, le pari est assurément perdu. Mais si, comme je le crois, son objectif véritable était d’installer le duel entre Le Pen et lui, en neutralisant toutes les autres alternatives, à droite comme à gauche, il est largement atteint aujourd’hui. Cette stratégie du <em>moi ou le chaos</em> est mortifère, mais clairement efficace de son point de vue, quand on se projète sur la prochaine élection présidentielle où il briguera sans doute sa réélection. <em>Moi ou le chaos</em>, dit-il. Et après lui, le chaos ? ai-je envie d’ajouter.</p>
<h2>L’écologie, surprenante troisième force ?</h2>
<p>En troisième position et à la surprise générale des commentateurs, on trouve la liste EELV, qui signe un bon score, bien qu’étant nettement distancée par les deux premiers.</p>
<p>Ce n’est pas la première fois que les écologistes tirent leur épingle du jeu lors d’élections européennes, on se souvient par exemple de leur excellent score au-dessus de 16% en 2009.</p>
<p>Cette année, il est possible qu’une participation plus forte que prévue des <em>jeunes</em>, réputés plus sensibles aux questions environnementales ait favorisé la liste EELV.</p>
<p>Un bémol tout de même : si le score de la liste EELV est plus que correct, il est aussi analysé à l’aune de sondages qui la plaçait bien plus bas, en score comme en ordre d’arrivée. Après avoir été annoncés au coude-à-coude pour la quatrième place avec la France Insoumise entre 7 et 9 %, les écologistes sont évidemment vus comme la grande surprise, à défaut d’en être les vainqueurs, de ce scrutin européen.</p>
<h2>La droite traditionnelle, réduite et laminée</h2>
<p>Les grands perdants du scrutin d’hier, ce sont incontestablement Les Républicains, dont la tête de liste Francois-Xavier Bellamy était pourtant présentée depuis plusieurs semaines dans les médias comme celui capable de réveiller et relever la droite après l’échec retentissant de 2017. La Bellamy-mania est finalement retombée hier soir, aussi bas que le score de sa liste, qui n’atteint même pas 9%.</p>
<p>C’est une claque énorme, un séisme, pour une droite traditionnelle dont j’ai toujours estimé le socle électoral minimal entre 19 et 20 %. Jamais la droite n’était tombée si bas, et les scores de LREM dans des bastions de la droite (Neuilly, Levallois, etc.) peuvent faire craindre le pire à Laurent Wauquiez et des troupes.</p>
<p>C’est inévitable, mais la question de la stratégie de LR va se poser encore plus vite que prévu avant les prochaines grosses échéances électorales : se réconcilier avec le centre-droite, quitte à pactiser avec la majorité macroniste actuelle, ou tendre vers la terrible union des droites, c’est-à-dire avec le RN, voulue par un nombre croissant de leurs électeurs.</p>
<p>Vous excuserez ce jeu de mot un peu facile, mais avec les résultats d’hier, la recomposition de la droite est plus que jamais en marche ...</p>
<h2>La gauche éclatée, tous perdants ?</h2>
<p>Hormis les écologistes d’EELV, je pense qu’on peut dire sans trop se mouiller que toutes les autres listes de gauche ont perdu hier.</p>
<p>La France Insoumise est loin du score espéré et surtout de son objectif avoué : être la première force de gauche.</p>
<p>On pourrait dire que le PS associé à Place Publique limitent la casse, mais c’est surtout une analyse suite aux mauvais sondages qui les plaçaient régulièrement à la limite de la barre fatidique des 5% permettant d’envoyer des élus au Parlement européen. Objectivement, à 6,5% des suffrages exprimés, le résultat est faible, très faible pour un parti qui gouvernait encore le pays il y a à peine 2 ans.</p>
<p>Pour les autres, c’est encore pire. Benoît Hamon et sa liste Génération.s semble finir au-dessus de 3% pour se faire rembourser ses frais de campagne. Quant au PCF, auquel j’ai offert mon vote hier, il poursuit sa descente aux enfers, tout juste au-dessus de 2%, talonné par le Parti animaliste. C’est assez triste de mon point de vue, mais le déclin et la disparition du vieux Parti communiste, dans les faits si ce n’est officiellement, semblent désormais inéluctables.</p>
<p>Une liste d’union de la gauche aurait-elle permis de limiter la casse ? Peut-être en partie, mais je ne suis pas certain que cela aurait fait des forces de gauche les grands vainqueurs de ce scrutin.</p>
<p>Il y a clairement beaucoup de travail à gauche pour mettre de côté les égos, enterrer la hache de guerre entre vieux adversaires, et surtout se réinventer idéologiquement sans se renier.</p>
<h2>Une recomposition possible à gauche ?</h2>
<p>Par rapport aux résultats de la gauche hier soir, c’est-à-dire à l’échec total des partis traditionnels et le bon résultat d’EELV, j’ai plusieurs questions, interrogations ou doutes.</p>
<p>EELV sera-t-il le socle d’une nouvelle gauche conquérante, qui parle à la jeunesse tout en étant assise sur ses valeurs, ou une nouvelle (dés-)illusion, un marche-pied pour des compromissions coupables et des ambitions individuelles inavouables ?</p>
<p>Est-ce une victoire de l’écologie <em>apolitique</em> ou <em>neutre</em> (dans le sens : ni droite ni gauche), ou le début d’une recomposition autour d’EELV d’une réelle alternative de gauche, à la fois écologiste, sociale et anti-capitaliste ?</p>
<p>De la réponse à ces questions dépendront à la fois mon éventuelle adhésion - sinon au parti, du moins à son projet politique - et surtout , c’est plus important, l’avenir de la gauche française, voire européenne.</p>
<p>Aujourd’hui, je ne sais pas si je dois être optimiste ou pessimiste. J’ai envie d’être optimiste, mais j’ai aussi un naturel méfiant, sceptique, voire clairement pessimiste. A suivre …</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Politique" title="politique" rel="noopener noreferrer">#politique</a></p>
]]><![CDATA[Elections européennes 2019, jour J]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/elections-européennes-2019-jour-j/2019-05-31T13:36:56.020103+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:36:56.020103+00:00<![CDATA[<p>J’ai donc voté ce matin. Sans illusions ni enthousiasme débordant, mais j’ai voté.</p>
<p>Après une longue hésitation et une intense réflexion dont je vous ai fait part dans mes billets précédents cette semaine, j’ai finalement choisi de voter pour la liste du PCF menée par Ian Brossat.</p>
<p>Parmi les trois listes entre lesquelles j’hésitais en début de semaine - LFI, PCF et Génération.s - j’avais d’ors et déjà exclu avant-hier ou hier celle de La France Insoumise, pour sanctionner sa stratégie visant à viser une position d’hégémonie à gauche au risque de rester éternellement minoritaire à l’échelle du pays.</p>
<p>Il me restait donc à choisir entre la liste du PCF et celle de Génération.s, entre le soutien à un vieux parti en déclin constant depuis 40-50 ans mais dont je souhaite pas la disparition, et la tentation d’aider un mouvement récent, bien qu’issu d’un autre vieux parti en voie de disparition.</p>
<p>Je pense que j’aurais pu voter pour l’une ou l’autre sans forcément le regretter ensuite. Les deux listes présentent finalement des visions proches de l’Europe et de la politique à mener à l’échelle européenne mais aussi nationale. D’un point de vue programmatique, j’ai envie de dire que les deux listes étaient à égalité pour moi.</p>
<p>J’ai donc fait un choix tactique, pour essayer d’aider le PCF, a priori mieux placé dans les sondages, à atteindre les 5% qui lui permettrait d’envoyer des élus au Parlement européen. Je dois dire aussi que je tiens à ce que ce parti reste présent, et aussi influent que possible, dans la vie politique française. Son histoire est digne d’être respectée, et j’admire ces militants et militantes qui ont lutté pendant des années et des décennies pour des lendemains qui chantent et un Grand Soir qu’ils ne verront sans doute jamais de leur vivant.</p>
<p>Il ne reste plus maintenant qu’à attendre l’annonce des premières estimations ce soir. Sans illusions ni enthousiasme débordant.</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Politique" title="politique" rel="noopener noreferrer">#politique</a></p>
]]><![CDATA[Elections européennes 2019, J-1]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/elections-européennes-2019-j-1/2019-05-31T13:35:43.221406+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:35:43.221406+00:00<![CDATA[<p>A la veille du scrutin, quelques réflexions personnelles, en vrac, issues de mes échanges sur Mastodon suite à mon précédent billet à ce sujet.</p>
<h2>Sur mon attitude par rapport à la France Insoumise</h2>
<p>Le côté tranchant et énervé de la France Insoumise, je peux faire avec. Ce qui commence sérieusement à me gaver, c’est leur position <em>tous derrière nous sans conditions</em>, leur attitude avec tous ceux avec qui ils pourraient objectivement s’allier, tout ça pour tenter de se retrouver dans une situation hégémonique à gauche. Bref, faire au reste de la gauche ce que le PS a fait au PCF dans les années 1970.</p>
<p>Je peux comprendre ce besoin de <em>pureté</em>, de se définir comme <em>la vraie gauche</em>, c’est d’ailleurs pour ça que j’ai soutenu et accompagné Jean-Luc Mélenchon lors qu’il a claqué la porte du PS pour fonder le Parti de Gauche. Je me souviens encore avec émotion du discours d’Oskar Lafontaine, fondateur du parti Die Linke en Allemagne, appelant à la fin des <em>compromis pourris</em> lors du premier meeting du Parti de Gauche en 2008, j’y étais.</p>
<p>Le problème que je constate, c’est que cela conduit à l’isolement et surtout condamne à être minoritaire. Comme je le disais récemment, être le premier parmi des forces de gauche minoritaires à l’échelle du pays, ce n’est pas un projet et une stratégie politiques à laquelle je peux adhérer.</p>
<h2>Sur l’espoir d’une nouvelle alliance de gauche</h2>
<p>Je rêve, peut-être naïvement, d’une grande alliance de gauche, une sorte de Front de Gauche élargi aux anciens de l’aile gauche du PS, comme Benoit Hamon et ses camarades, que j’espère sincères.</p>
<p>Cela pourrait même aller jusqu’à inclure peut-être des écologistes sincèrement engagés pour lutter contre le modèle capitaliste, pas ceux qui sont prêts à des arrangements avec le libéralisme pour plaire aux <em>bobos</em> (même si je déteste ce qualificatif passe-partout où chacun peut reconnaître son voisin mais surtout pas soi-même)</p>
<p>Idéalement, une alliance LFI + PCF + Génération.s + EELV anti-capitalistes me conviendrait donc parfaitement.</p>
<h2>Sur le besoin de renouveau de notre démocratie</h2>
<p>C’est justement ce que j’appréciais dans le programme politique du Parti de Gauche puis de la France Insoumise : la promesse d’une constituante pour une VI° République.</p>
<p>Le mouvement des Gilets Jaunes l’a bien montré ces derniers mois : notre démocratie a besoin de trouver un nouveau souffle, une respiration, pour casser ce sentiment de <em>eux contre nous</em>, cette rupture de confiance, de lien même, entre le <em>peuple</em> et <em>l’élite</em>.</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Politique" title="politique" rel="noopener noreferrer">#politique</a></p>
]]><![CDATA[Elections européennes 2019, J-2]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/elections-européennes-2019-j-2/2019-05-31T13:34:14.617592+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:34:14.617592+00:00<![CDATA[<p>Tic tac, tic tac … Plus que deux jours avant le jour du vote pour les élections européennes, et donc plus que deux jours - et même un peu moins à l’heure où j’écris ces lignes - pour choisir la liste à laquelle j’accorderai mon suffrage.</p>
<p>Cet après-midi, j’ai enfin pris un petit moment pour récupérer sur le site web du Ministère de l’Intérieur les PDF de quelques professions de foi, celles des listes entre lesquelles j’hésite pour dimanche.</p>
<p>Après cette sympathique activité de lecture, je ne sais pas si je suis vraiment plus avancé dans ma réflexion.</p>
<p>Un peu tout de même, puisque la profession de foi de La France Insoumise ne m’a pas franchement convaincu. Il est fort possible que ce soit irrationnel et que cela ne soit que le signe de mon éloignement de ce mouvement et mon agacement croissant à son égard.</p>
<p>Il me reste donc la liste du PCF menée par Ian Brossat et celle de Génération.s et sa tête de liste Benoit Hamon.</p>
<p>Je dois dire que mon choix est loin d’être fait :</p>
<ul>
<li>d’un côté, l’envie de soutenir un « bon vieux » parti qui en a bien besoin (et en particulier ses fidèles militants)</li>
<li>de l’autre, la tentation de soutenir une liste qui se pose de bonnes questions et présente une réelle vision pour l’avenir</li>
</ul>
<p>Mon plus grand regret, c’est que ces deux listes ne soient pas parvenues à se mettre d’accord pour faire liste commune, mon choix en aurait été simplifié.</p>
<p>Allez, moins de deux jours pour se décider. L’heure du choix approche.
Tic tac, tic tac …</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Politique" title="politique" rel="noopener noreferrer">#politique</a></p>
]]><![CDATA[Ô mon Prince]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/ô-mon-prince/2019-05-31T13:18:31.452945+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:18:31.452945+00:00<![CDATA[<p>Les consignes et contraintes de cet exercice étaient les suivantes :</p>
<ul>
<li>Ecrire une ode, un hymne, en hommage à un royaume médiéval fictif</li>
<li>Utiliser le plus possible une sonorité imposée - dans mon cas : la lettre i</li>
<li>Temps d'écriture : 15 minutes</li>
</ul>
<p>Voici ce que je suis parvenu à écrire pour cet exercice qui m'a plutôt amusé, même si le résultat est évidemment contraint par la durée d'écriture limitée :</p>
<p>Ô mon Prince Guy-Henri</p>
<p>Grand Prince béni à l’infini</p>
<p>Tu règnes sur nos vies</p>
<p>Tu règnes sur un royaume pas si pourri</p>
<p>Sur nos territoires riches de jolies prairies</p>
<p>Où gambadent d’innombrables chauve-souris</p>
<p>Attirées bien souvent par la pluie</p>
<p>Tu règnes sur ton peuple d’affranchis</p>
<p>Même s’il est parfois insoumis</p>
<p>Quand il laboure pour sa survie</p>
<p>Pendant que tu t’enrichis</p>
<p>Vous excuserez mon ironie</p>
<p>Chers amis, je vous en supplie</p>
<p>Que personne ne doute ici</p>
<p>Que pour mon Prince je donnerai ma vie.</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/%C3%89criture" title="écriture" rel="noopener noreferrer">#écriture</a></p>
]]><![CDATA[L’adolescent et la vieille dame]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/l’adolescent-et-la-vieille-dame/2019-05-31T13:16:51.465929+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:16:51.465929+00:00<![CDATA[<p>Un lundi matin de juin. Un café du quinzième arrondissement, à quelques minutes à pied du Parc André Citroën. L’horloge indique huit heures et quart. Je lis mon journal et bois un café avant de rejoindre mon bureau pour attaquer une longue et difficile semaine de travail.</p>
<p>Un adolescent passe la porte, suivi d’une vieille dame. Ils s’installent à la table la plus proche de l’entrée, l’un en face de l’autre. Elle enlève sa longue veste beige et la plie consciencieusement sur le dossier de sa chaise. Il garde sur lui son sweat gris à capuche et se contente de déposer son sac à dos au pied de la table.</p>
<p>Ce duo improbable attire mon regard. Que fait ce jeune garçon ici, à l’heure où on s’attendrait plutôt à le trouver dans une salle de classe au collège ou au lycée ? Pourquoi celle qui pourrait être sa grand-mère l’accompagne-t-elle ? Quel lien unit réellement cet adolescent et cette vieille dame ? Pourquoi sont-ils réunis ce matin dans ce bistrot parisien typique ?</p>
<p>Un serveur vient prendre leur commande. Un thé pour elle, un café pour lui. Elle lui demande s’il n’a pas faim, il fait non de la tête. Elle insiste et il commande finalement un croissant. Le serveur répète – un thé, un café et un croissant – et retourne au comptoir.</p>
<p>L’adolescent n’est pas bavard. La vieille dame lui parle mais d’une voix trop faible pour que je l’entende. Il répond par monosyllabes ou en hochant la tête. Il semble triste, ou fatigué, ou les deux.</p>
<p>Mon imagination vagabonde. L’adolescent a peu dormi ces dernières nuits. La vieille dame – sa grand mère, j’en suis de plus en plus persuadé – l’accompagne dans son nouveau collège. Il vit à Paris, chez sa grand-mère, depuis une semaine. Depuis la mort de ses parents dans un accident de voiture.</p>
<p>Le serveur apporte la commande. La vieille dame règle immédiatement l’addition. L’adolescent sucre son café et en boit une gorgée. Il ne touche pas au croissant, malgré l’insistance de sa grand-mère.</p>
<p>L’adolescent a perdu ses parents, la vieille dame a perdu son fils unique. De cette famille, il ne reste qu’eux deux, séparés par cinquante ans de vie et de longs et pesants silences. Le chagrin les réunit ce matin, dans ce café sans âme. La vieille dame porte un regard plein de tendresse sur cet adolescent qu’elle connaît finalement si mal. Lui a le regard dans le vague, il laisse son café refroidir. Ils vont devoir apprendre à vivre ensemble, s’apprivoiser.</p>
<p>L’heure tourne, le travail m’appelle, je règle mon café et me dirige vers la sortie. Je laisse derrière moi un adolescent et une vieille dame, je ne saurai jamais si mes rêveries matinales étaient proches ou éloignées de leur réalité.</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/%C3%89criture" title="écriture" rel="noopener noreferrer">#écriture</a></p>
]]><![CDATA[Elections européennes 2019, J-4]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/elections-européennes-2019-j-4/2019-05-31T13:15:14.369535+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:15:14.369535+00:00<![CDATA[<p>J’en parlais déjà il y a quelques jours sur Mastodon, et c’est toujours vrai : c’est la première fois de ma vie que je ne sais pas pour qui voter à quelques jours d’une élection. Habituellement, mon choix est fait plusieurs semaines avant le scrutin, quand ce n’est pas plusieurs mois à l'avance. Cette fois, j’hésite encore sérieusement entre plusieurs listes.</p>
<p>Mais avant même de m'interroger sur la liste sur laquelle se portera mon suffrage dimanche, il m’a fallu répondre à une première question, inédite pour moi :</p>
<h2>Pourquoi voter ?</h2>
<p>Pour moi, qui ai toujours été intéressé voire passionné par la politique, le vote a longtemps constitué un devoir, un acte citoyen fondamental. Je n'ai jamais été tenté par l'abstention, même s'il m'est arrivé de voter blanc lorsque le second tour d'une élection locale ou nationale laissait en lice des candidats entre lesquels je ne pouvais en toute conscience pas choisir.</p>
<p>Pourtant, depuis quelques mois, et en particulier après avoir lu <em>Histoire de ta bêtise</em> de François Bégaudeau, je me suis interrogé sur le sens du vote, sur son utilité et sa finalité.</p>
<p>Dans son livre, François Bégaudeau explique notamment sa vision de l'élection : une méthode pour re-légitimer régulièrement le modèle bourgeois en faisant semblant de demander son avis au peuple. Ainsi, le vote ne serait qu'un subterfuge pour maintenir au pouvoir une classe sociale et préserver ses intérêts de classe.</p>
<p>J'ai d'ailleurs récemment trouvé une notion similaire dans un livre très différent, puisqu'il s'agit du roman de science-fiction <em>Les Furtifs</em> d'Alain Damasio, où il présente les élections comme des sondages d'opinion grandeur nature, sans réel impact sur les politiques menées.</p>
<p>Je dois avouer que je ne suis pas loin de penser la même chose ...</p>
<p>Bref, tout cela pour dire que pendant plusieurs mois je me suis réellement demandé si j'allais cautionner ce système en allant me joindre au ballet des électeurs appelés aux urnes ce dimanche.</p>
<p>J'ai finalement décidé d'aller voter, sans illusion ni grande conviction, avec l'idée que l'éventuelle transformation de la société ne peut passer que par l'action collective, inspirée et lancée par des actes individuels. Aussi minime soit-il, j'ai envie de croire que mon vote peut être une pierre parmi d'autres pour, au choix, détruire l'édifice actuel que je condamne ou en construire un nouveau plus conforme à mes valeurs.</p>
<p>Cette décision étant prise, il me reste un ultime choix :</p>
<h2>Pour qui voter ?</h2>
<p>C'est là que les choses se compliquent.</p>
<p>Pendant presque dix ans, j'ai été électoralement fidèle au Parti de Gauche, au Front de Gauche puis à la France Insoumise, c'est-à-dire aux incarnations successives de la gauche - la vraie ! oserais-je dire - menée par Jean-Luc Mélenchon.</p>
<p>Problème : le comportement du même Mélenchon lors de plusieurs événements, ainsi que son incapacité à fédérer la gauche autrement que par l'appel à se ranger derrière lui et ses troupes, m'ont progressivement éloigné de ce mouvement.</p>
<p>Je continue à adhérer (au sens d'être d'accord) à l'essentiel du programme de la France Insoumise, mais je ne sais pas si je veux cautionner sa stratégie politique consistant à organiser et constater la division des forces de gauche, à assécher tous ses rivaux mais alliés potentiels, puis rester finalement minoritaire à la fin. Etre le premier parmi des forces de gauche minoritaires à l'échelle du pays ne constitue pas un objectif et une stratégie acceptables à mes yeux.</p>
<p>Je me suis donc mis à l'écoute d'autres propositions politiques, acceptant l'idée que la liste de la France Insoumise n'aurait pas automatiquement mon vote comme cela a été le cas pendant plusieurs années.</p>
<p>Hormis la France Insoumise, que je n'exclus pas encore totalement, d'autant que sa tête de liste Manon Aubry me plait bien, deux autres listes ont attiré mon attention :</p>
<p>La première, c'est la liste du PCF menée par Ian Brossat, un candidat qui me semble à la fois talentueux et sincère dans ses combats. C'est d'ailleurs la constance des combats des militants communistes depuis des années voire des décennies pour certains qui me donne envie de voter pour cette liste, dont on ne peut douter de l'engagement à gauche. Je dois également avouer que contribuer à mon échelle à "sauver" l'avenir financier et politique du PCF ne me déplairait pas.</p>
<p>L'autre liste avec laquelle j'hésite, c'est celle menée par Benoit Hamon, l'ancien candidat "soutenu" par le PS à l'élection présidentielle de 2017. Même si à l'époque je savais déjà que je voterais probablement pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle, j'avais été voter aux "primaires de la gauche" organisée par le PS et ses rares alliés pour battre Manuel Valls et propulser Benoit Hamon comme candidat. J'aurais presque pu voter pour lui au premier tour de la présidentielle, car son programme et sa campagne m'avaient bien plu. Cette année encore, j'apprécie sa capacité à poser de bonnes questions et à aborder des sujets peu évoqués par les autres candidats. Mon problème, c'est que j'ai tout de même un doute sur la sincérité de Benoit Hamon ...</p>
<p>Voici donc où en est ma réflexion à 4 jours du scrutin. Trois listes en balance, sans certitude à ce jour sur le choix qui sera le mien. Si je devais faire un classement à l'instant t, mais il peut encore changer - plusieurs fois - d'ici dimanche, au gré de mes réflexions, des interventions des candidats dans les médias, ou plus simplement de discussions avec les uns et les autres, je classerai les listes dans cet ordre de préférence :</p>
<ol>
<li>Liste PCF menée par Ian Brossat</li>
<li>Liste LFI menée par Manon Aubry</li>
<li>Liste Génération-s menée par Benoit Hamon</li>
</ol>
<p>Décision, pour moi et des millions de français, dimanche dans l'isoloir !</p>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Politique" title="politique" rel="noopener noreferrer">#politique</a></p>
]]><![CDATA[Introduction]]>https://fediverse.blog/~/ZéroJanvier/introduction/2019-05-31T13:11:57.550749+00:00Zéro Janvierhttps://fediverse.blog/@/zerojanvier/2019-05-31T13:11:57.550749+00:00<![CDATA[<h2>Qui suis-je ?</h2>
<p>J'aurai bientôt 40 ans, j'ai grandi et j'ai fait mes études en Champagne, j'ai vécu et travaillé 15 ans à Paris, et je suis installé à Nantes depuis bientôt 4 ans.</p>
<p>Je travaille dans l'informatique, comme chef de projet, même si l'idée d'une reconversion me trotte dans la tête depuis un moment, sans forcément savoir vers où me diriger.</p>
<p>Ma première passion, c'est la lecture. Je suis un gros lecteur, principalement de romans (littérature générale, science-fiction, fantasy, fiction historique), mais aussi de BD, de comics, et de livres d'histoire.</p>
<p>L'Histoire est l'une de mes autres passions. J'ai même envisagé un temps de reprendre des études à distance dans cette discipline, un projet finalement abandonné ou en tout cas reporté.</p>
<p>Je suis également un citoyen engagé, j'ai milité durant mes jeunes années dans plusieurs partis politiques successifs, toujours à gauche de l'échiquier politique. Si je ne suis désormais affilié à aucun parti, je reste très sensible à l'évolution de notre société, de notre monde et de notre planète, ainsi qu'à toutes les luttes contre les injustices, les discriminations, le libéralisme, et le techno-capitalisme.</p>
<p>Enfin, je suis gay et en couple avec mon copain depuis 20 ans.</p>
<h2>Un nouveau blog ?</h2>
<p>Je tiens un blog sur Wordpress depuis plus de dix ans, de façon plus ou moins régulière selon les périodes. J'y parlais initialement de tout et de rien (livres, séries, films, ma vie, etc.) mais depuis que j'ai recommencé à y publier régulièrement il y a un an, j'ai recentré ma "ligne éditoriale" sur mes lectures.</p>
<p>J'avais cependant envie d'ouvrir un nouveau support, un nouvel espace d'écriture, pour parler plus librement de tout et de rien.</p>
<p>Après avoir envisagé plusieurs solutions, j'ai finalement choisi Plume, qui présente l'avantage d'être directement ouvert sur la Fédiverse - ou le Fédiverse, ou même le Fediverse sans accent, je ne sais pas quel est le bon orthographe, et je n'ai pas encore déterminé comment moi-même je préfère l'écrire.</p>
<p>Contrairement à mon blog historique sur Wordpress, j'ai l'intention de parler ici de sujets plus variés.</p>
<p>Selon mon humeur du moment, je pourrai ainsi vous faire part de mes coups de coeur, de mes coups de gueule, de mes coups de cafard, et plus généralement de mes réflexions - plus ou moins pertinentes - sur la politique, la société, le travail, la technologie, l'histoire, etc.</p>
<p>Je n'exclus pas non plus de publier ici quelques nouvelles ou textes courts rédigés par mes soins, que ce soit dans le cadre des ateliers d'écriture auxquels je participe ou en dehors.</p>
<p>A bientôt, je l'espère, pour mes prochaines publications !</p>
<h2>Où me lire ailleurs ?</h2>
<p>Je suis également présent :</p>
<ul>
<li>Sur mon blog historique sur Wordpress : https://www.zerojanvier.fr</li>
<li>Sur Mastodon : zerojanvier@mamot.fr</li>
</ul>
<p><a href="//fediverse.blog/tag/Introduction" title="introduction" rel="noopener noreferrer">#introduction</a></p>
]]>