Elections européennes 2019, J-4

J’en parlais déjà il y a quelques jours sur Mastodon, et c’est toujours vrai : c’est la première fois de ma vie que je ne sais pas pour qui voter à quelques jours d’une élection. Habituellement, mon choix est fait plusieurs semaines avant le scrutin, quand ce n’est pas plusieurs mois à l'avance. Cette fois, j’hésite encore sérieusement entre plusieurs listes.

Mais avant même de m'interroger sur la liste sur laquelle se portera mon suffrage dimanche, il m’a fallu répondre à une première question, inédite pour moi :

Pourquoi voter ?

Pour moi, qui ai toujours été intéressé voire passionné par la politique, le vote a longtemps constitué un devoir, un acte citoyen fondamental. Je n'ai jamais été tenté par l'abstention, même s'il m'est arrivé de voter blanc lorsque le second tour d'une élection locale ou nationale laissait en lice des candidats entre lesquels je ne pouvais en toute conscience pas choisir.

Pourtant, depuis quelques mois, et en particulier après avoir lu Histoire de ta bêtise de François Bégaudeau, je me suis interrogé sur le sens du vote, sur son utilité et sa finalité.

Dans son livre, François Bégaudeau explique notamment sa vision de l'élection : une méthode pour re-légitimer régulièrement le modèle bourgeois en faisant semblant de demander son avis au peuple. Ainsi, le vote ne serait qu'un subterfuge pour maintenir au pouvoir une classe sociale et préserver ses intérêts de classe.

J'ai d'ailleurs récemment trouvé une notion similaire dans un livre très différent, puisqu'il s'agit du roman de science-fiction Les Furtifs d'Alain Damasio, où il présente les élections comme des sondages d'opinion grandeur nature, sans réel impact sur les politiques menées.

Je dois avouer que je ne suis pas loin de penser la même chose ...

Bref, tout cela pour dire que pendant plusieurs mois je me suis réellement demandé si j'allais cautionner ce système en allant me joindre au ballet des électeurs appelés aux urnes ce dimanche.

J'ai finalement décidé d'aller voter, sans illusion ni grande conviction, avec l'idée que l'éventuelle transformation de la société ne peut passer que par l'action collective, inspirée et lancée par des actes individuels. Aussi minime soit-il, j'ai envie de croire que mon vote peut être une pierre parmi d'autres pour, au choix, détruire l'édifice actuel que je condamne ou en construire un nouveau plus conforme à mes valeurs.

Cette décision étant prise, il me reste un ultime choix :

Pour qui voter ?

C'est là que les choses se compliquent.

Pendant presque dix ans, j'ai été électoralement fidèle au Parti de Gauche, au Front de Gauche puis à la France Insoumise, c'est-à-dire aux incarnations successives de la gauche - la vraie ! oserais-je dire - menée par Jean-Luc Mélenchon.

Problème : le comportement du même Mélenchon lors de plusieurs événements, ainsi que son incapacité à fédérer la gauche autrement que par l'appel à se ranger derrière lui et ses troupes, m'ont progressivement éloigné de ce mouvement.

Je continue à adhérer (au sens d'être d'accord) à l'essentiel du programme de la France Insoumise, mais je ne sais pas si je veux cautionner sa stratégie politique consistant à organiser et constater la division des forces de gauche, à assécher tous ses rivaux mais alliés potentiels, puis rester finalement minoritaire à la fin. Etre le premier parmi des forces de gauche minoritaires à l'échelle du pays ne constitue pas un objectif et une stratégie acceptables à mes yeux.

Je me suis donc mis à l'écoute d'autres propositions politiques, acceptant l'idée que la liste de la France Insoumise n'aurait pas automatiquement mon vote comme cela a été le cas pendant plusieurs années.

Hormis la France Insoumise, que je n'exclus pas encore totalement, d'autant que sa tête de liste Manon Aubry me plait bien, deux autres listes ont attiré mon attention :

La première, c'est la liste du PCF menée par Ian Brossat, un candidat qui me semble à la fois talentueux et sincère dans ses combats. C'est d'ailleurs la constance des combats des militants communistes depuis des années voire des décennies pour certains qui me donne envie de voter pour cette liste, dont on ne peut douter de l'engagement à gauche. Je dois également avouer que contribuer à mon échelle à "sauver" l'avenir financier et politique du PCF ne me déplairait pas.

L'autre liste avec laquelle j'hésite, c'est celle menée par Benoit Hamon, l'ancien candidat "soutenu" par le PS à l'élection présidentielle de 2017. Même si à l'époque je savais déjà que je voterais probablement pour Jean-Luc Mélenchon au premier tour de l'élection présidentielle, j'avais été voter aux "primaires de la gauche" organisée par le PS et ses rares alliés pour battre Manuel Valls et propulser Benoit Hamon comme candidat. J'aurais presque pu voter pour lui au premier tour de la présidentielle, car son programme et sa campagne m'avaient bien plu. Cette année encore, j'apprécie sa capacité à poser de bonnes questions et à aborder des sujets peu évoqués par les autres candidats. Mon problème, c'est que j'ai tout de même un doute sur la sincérité de Benoit Hamon ...

Voici donc où en est ma réflexion à 4 jours du scrutin. Trois listes en balance, sans certitude à ce jour sur le choix qui sera le mien. Si je devais faire un classement à l'instant t, mais il peut encore changer - plusieurs fois - d'ici dimanche, au gré de mes réflexions, des interventions des candidats dans les médias, ou plus simplement de discussions avec les uns et les autres, je classerai les listes dans cet ordre de préférence :

  1. Liste PCF menée par Ian Brossat
  2. Liste LFI menée par Manon Aubry
  3. Liste Génération-s menée par Benoit Hamon

Décision, pour moi et des millions de français, dimanche dans l'isoloir !

#politique